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jeudi 14 mars 2019

Quel rôle la poésie a-t-elle dans notre écriture de romancier ?



Nous interroger sur la part que nous faisons à la poésie apparaît, à relire  Eluard, comme une mise en purification. Pour combler les vides  et stopper les sueurs éprouvés devant la page blanche - et dont nous évoquons, tous, les vertiges - chacun trouvera sa potion. 
Pour ma part c’est vers la quintessence de la littérature que je lève mes yeux  pour capter au moins une bribe de rêve et de vie : la poésie. La substance. Avec sa force cathartique. Pour nous sublimer et nous conduire vers un autre regard du monde. Celui qui devrait nous inspirer.

Mais dans ces temps de bouleversements actuels comment suivre Bachelard qui nous conseille de « donner plus d’attention au monde poétique afin de s’ouvrir au monde ou d’entrer dans le monde » ?
C’est le poète syrien Adonis qui nous donne sa réponse : « La poétique est, par excellence, le lieu du sens. Nous cheminons vers le sens dans la mesure où nous vivons en poètes sur la terre, pour reprendre ce que disait Hölderlin*, et c’est l’imaginaire, le rêve, l’inconnu, le mythos qui doivent être la source de cette urgence… La poésie reste ce lieu ».

Nous voilà concernés. Et responsables.
Nous pouvons - même si nous ne sommes pas Académiciens français -, chacun à notre  échelle, avec notre propension à vouloir enfanter des histoires et faire émerger nos terres mouvantes, nous pouvons être le petit colibri de Pierre Rabhi, et avec Laurence Ferlinghetti, se dire que la poésie apaise notre solitude et « peut encore sauver le monde en transformant la conscience ».
Je donne la main à Xavier Person et Philippe Beck qui écrivaient dans un article en 2012 : « Il s’agit pour nous de prendre ce nom « poésie » assez au sérieux pour y chercher -pourquoi pas - d’autres manières de vivre et de penser ».
Ces bains de jouvence de l’esprit nous aideront à plonger « dans la chair du monde ».

*« Riche en mérites, mais poétiquement toujours, sur terre habite l’homme » (Hölderlin)