Un grand merci aux "Estivales de Malepère" qui ont attribué le prix du livre de la Malepère 2023 à mon dernier roman "Croquer le soleil".
Le carnet de notes de Nadine Lamaison
Des petits grains de sel pour mettre un brin d'art et de littérature dans la vie de ceux qui cherchent la pertinence de la beauté, néophytes et amateurs.
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lundi 19 juin 2023
vendredi 21 mai 2021
#ecrireapropos
#ecrireapropos : de la souffrance psychique ou…
Tous ceux qui se risquent à l’écriture connaissent ce que Roland Barthes appelle « le frémissement d’écrire » et, déterminés ou indéterminés, ils sont passés à l’acte, pétris de doutes et d’exigences pour aller vers un plaisir plus ou moins fugace. En se heurtant à la question première : écrire à propos… de quoi ? quel sujet ? quelle urgence ? quel impératif ? quelle fascination ?…
Une souffrance maudite, informe. Qui effraie. Que l’on juge de loin, de haut… Trop d’incompréhension, trop de rejets -je les ai abandonnés tous ceux, et ils étaient légion, qui haussaient les épaules, en faisant un pas en arrière devant ce qu’ils ne voulaient pas voir- trop d’a priori, trop de condescendance.
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Quelques réactions à ce texte :
Merci, Nadine, quel témoignage ! Oui on est démunie face à la souffrance psychique de proches. Reste à composer, à tous les sens de ce terme. Cet élan a habité ma vie dès l'enfance, et voici que je me trouve à nouveau en plein dedans... Expérience(s) faite(s), on compose avec le temps, la mémoire et l'élan/le désir de dire la venue du jour, la lumière et la paix ; mais il faut narrer l'avant, cela aussi, c'est composer et apaiser.
Merci pour ce témoignage si fort et frémissant.
mardi 16 mars 2021
Interview de Nadine Lamaison "Avec la bénédiction du Pope"
Interview réalisée le 15 mars 2021 par Martine TATGER, librairie "Des Livres et Délices" à CAZERES (Haute-Garonne) :
vendredi 12 mars 2021
Alors... c'est Bobby
« Alors… c’est Bobby… »
La grand-mère ouvre le livre sur ses genoux. Elle prend garde à le maintenir
en position d’oiseau dans le ciel, les ailes à peine repliées. On ne pose pas
un livre à plat, on prend soin de son dos. Les doigts longs et fins caressent
la gouttière, remontent jusqu’à l’angle droit, vers la tête. Du bout de son majeur
la grand-mère soulève le feuillet et le rabat sur le côté gauche. Que je
ne te vois jamais mouiller ton doigt pour tourner une page ! Il y a de la vénération
dans ses gestes, une certaine lenteur. Enfin elle remonte ses lunettes
sur le haut de son nez et pose son regard sur l’enfant.
L’enfant attend, les yeux brillants.
La première histoire a été celle d’Anémone, « Il était une fois une ravissante
petite fille… » et d’une mystérieuse pierre noire. Un voyage au pays des
étoiles, avec des fées, de la musique, un planeur, la contemplation des merveilles.
Depuis, l’enfant vit dans cet enchantement venu d’un recueil illustré à
l’aquarelle, et que la lecture à voix haute de la grand-mère libère. D’autres
cieux sont venus, d’autres histoires.
Elle ne perd aucun des rituels de la lectrice. Elle respire l’odeur d’amande et
de vanille qui émane du papier. Elle ferme les yeux. La magie c’est maintenant.
Elle attend La belle au bois dormant et ses marraines les fées, le Chat
avec ses bottes en cuir et la princesse dans son carrosse, le Petit Poucet et
ses frères. Elle ramasse ses jambes, les enserre dans ses bras. Elle va avoir
peur mais les ogres ne gagnent jamais. Quand sa grand-mère ouvre les
livres rouges avec le médaillon illustré sur la couverture, elle sait qu’elle va
voir le sourire de Boucles d’Or ou la robe de lune de Peau d’Ane. Elle demande
: encore ! Il y a tellement de livres dans la bibliothèque ! Elle a trois
ans, quatre ans… Son plus grand désir est d’être enfin capable de donner
vie à Cendrillon ou à Tom Pouce sans avoir besoin de sa grand-mère, de
pouvoir emprunter seule le chemin des découvertes. Savoir lire.
L’enfant a grandi. Elle reçoit des mains de l’inspecteur primaire ses premiers
livres rouges pour son Prix d’Honneur : la comtesse de Ségur en trois volumes.
Au début elle suit avec le doigt pour n’oublier aucun mot de la
phrase. Et bientôt elle sautera allègrement dans le dix-neuvième siècle, assumera
les bêtises de Sophie, se prendra d’affection pour Paul, Camille et
Madeleine. On l’appelle « mademoiselle », elle dit « vous » à sa maman. Les
filles de sa classe ne comprennent rien de ces subtilités. Ses secrets sont
dans ses livres rouges. Elle traque les mots nouveaux qui lui donnent le vertige
et qu’elle répète à voix haute, avec délectation, avant de les chercher
dans le dictionnaire : courtoisie, affront, prédiction, audace, défi, propriétaire…
A chaque anniversaire, chaque Noël, chaque occasion de récompense, l’enfant
réclame d’autres livres et chaque fois qu’elle reçoit un ouvrage elle est
prise de la même fébrilité. Quelle révélation cette fois ?
Elle a son premier fou rire avec Fifi Brindacier, le coeur qui s’emballe aux côtés
du Petit Prince, des larmes pour Poil de Carotte. Elle veut tout engloutir
et se gaver d’images, d’impossibles, d’excentricités, de sauts dans l’inconnu.
Et plus tard, ressentir la chaleur des terres de Provence et l’humidité des
ruelles de Londres, se perdre dans les forêts canadiennes et rencontrer Vendredi
sur une île déserte. Même malade, fiévreuse, à la botte de la varicelle
ou de la rougeole, elle se console, aidée de vignettes colorées, en partant
explorer le monde par la grâce d’Hergé et la connivence de son père. Elle a
de la chance, le seul endroit où elle peut se rendre seule est la librairie, au
bout de sa rue. Entre les rayonnages traîne un parfum mêlé de vieux bois, de
feuilles d’automne et de cire, et elle frémit devant les collections : Rouge et
Or, Verte, Idéal… Elle les convoite et elle s’enthousiasme à imaginer tous les
héros, toutes les héroïnes qui dorment entre les pages et qui l’attendent.
Elle a deux vies et saute à pieds joints de l’une à l’autre. L’autre nourrit l’une,
elle la conduit vers des ailleurs, des passages, et lui donne du sens. C’est sa
marelle à elle.
L’enfant n’est plus tout à fait une enfant, pas encore une grande personne.
Sur les étagères de sa chambre Les Contes et Légendes côtoient Charles
Dickens et Henri Bosco, Mérimée, Jack London, Daudet… Aux romans
d’aventures elle préfère aujourd’hui George Sand, Stendhal, mais aussi Vigny
Chateaubriand, Musset, ces auteurs et ces poètes qui la ramènent au dixneuvième
siècle et créent définitivement des liens sacrés d’un écrivain à un
autre pour lui dire les gens et les époques, et tisser le fil rouge de ce qu’elle
est en train de devenir. Ils sont ses réserves d’émotions, car ce qu’elle aime
par dessus tout c’est la vibration qui court de la phrase vers elle, parfois jusqu’à
ses larmes.
Elle prépare un exposé à présenter devant sa classe. L’édition de Graziella
dans la collection Bibliothèque Précieuse est posé sur son bureau. Elle
prend garde de ne pas casser la tranche du livre cartonné, et puis elle entre
dans la porosité des mots.
« Un nuage sur l’âme couvre et décolore plus la terre qu’un nuage sur l’horizon.
»
C’est là, ça lui donne des frissons, c’est son addiction, son nectar, le bout de
la quête, et cela s’appelle la Beauté.
Dans sa vie, après Lamartine, il y aura mille autres beautés.
Sur une terrasse, dans un crépuscule d’été, une enfant aux boucles blondes,
pose un livre sur ses genoux, l’ouvre, et, concentrée, suit du bout de son index
potelé les lignes d’encre noire sous les personnages dessinés, ouvre la
bouche et commence son récit avec application : « Alors… c’est Bobby et
Eglantine… ». Il fait sombre, le livre est à l’envers. Elle a trois ans.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demande l’enfant devenue mère à sa fille.
« Ben… répond l’enfant aux boucles blondes… je lis ! »
Nadine Lamaison
Le 26 janvier 2020.
lundi 8 mars 2021
Souvenirs de salons du livre
Mars 2020 : Salon du livre de Terrasson en Dordogne
Mai 2021 : Salon du livre de Castelmaurou en Haute-Garonne
jeudi 25 février 2021
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Il y a des livres qu’on ne veut pas refermer avant le mot fin. Pour moi, Les yeux de Pierre font partie de ceux-là. Fort heureusement, j...
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